L'art-thérapie, une forme de psychothérapie centrée sur l'expression créatrice libre et spontanée
Il ne s’agit pas d’obtenir un résultat artistique au sens académique du terme, mais plutôt de permettre au Sujet de se lancer dans un processus d’expression et de réparation par divers moyens faisant appel aux outils artistiques : écriture, peinture, dessin spontané, collages, photographie, jeux de scène, danse et corps en mouvement, modelage argile, etc.
Ce qui se joue pendant la phase créative est aussi important que l’objet créé ou que la parole structurante entourant l’avènement de l’objet.
Cet objet créé n’est pas « moi », et pourtant, il représente quelque chose de « moi » que je dois apprendre à considérer avec bienveillance.Les productions du Sujet constituent autant de pierres jalonnant un chemin dont il est le seul véritable artisan.
Le Sujet n’est pas patient passif mais créateur actif de son devenir.Nous préférons le terme de thérapie par l’art qui donne la priorité à la réparation et à la découverte de soi, la médiation artistique étant le vecteur d’expression.Les paroles s’envolent, les objets restent. Ils ont une existence concrète et réelle, distincte, dont le Sujet ne peut se déduire.
L’objet s’impose comme une trace, ou un miroir, dans lequel le Sujet « se réfléchit », et auquel il va devoir faire face avec courage.Le Sujet n’est pas que son histoire familiale, il est aussi un creuset de potentiels en terme de sensibilités et de créativité, aspects que l’éducation permet rarement de développer.A ce titre, nous ne pouvons pas exclure le corps de la thérapie.
En tant que lieu du symptôme, il porte les traces et les mémoires du vécu et des traumatismes.
Le psychisme et le corps sont deux entités emboîtées comme tenon et mortaise. La mise en jeu consciente du corps permet concomitamment la libération de certains blocages psycho-affectifs-émotionnels, passés ou actuels.
La thérapie par l’art telle que nous la concevons et la pratiquons, permet d’aborder, à elle seule ou en complément d’une psychothérapie ou analyse classique, les diverses facettes incontournables d’un travail de connaissance de soi : Situations de régression, à partir des outils comme la peinture, l’argile, le travail sensoriel dans la nature, le travail autour du toucher, les stratégies non verbales, qui permettent au Sujet de revisiter ou de développer ses ressentis en s’appuyant sur ses sensations propres.Situations d’expressions créatrices, lors des phases de créations.
Le Sujet n’est pas que son histoire familiale. La diversité et l’originalité de ses productions lui permettent de constater ses propres potentiels et de développer ce qui lui est éminemment subjectif.
Alternance de l’individuel et du collectif. Le travail en groupe permet de réparer et de faire advenir des aspects de la personnalité que le travail individuel ignore.Mise en jeu du corps. Le Sujet est un corps aussi et surtout.
Il n’est pas qu’une tête pensante ou qu’un psychisme en souffrance. Lorsque tout est disloqué autour de soi ou en soi, revenir au corps, au souffle et à la respiration, à la sensation, au ressenti, c’est de nouveau se sentir vivant, concret, présent à l’instant.
L’humain se construit par identifications, en marchant dans les traces d’un autre, d’une multitude d’autres. Comment ne pas s’oublier ni se perdre dans les traces de ces autres, dans leurs attentes, leurs désirs, tout en prenant la mesure de ce qu’ils représentent comme point de départ pour soi ?
L’art-thérapie, grâce au travail effectué à partir de l’objet créé, ou de la mise en jeu du corps, donne au Sujet l’opportunité de projeter hors de lui l’ensemble de ses contenus psychiques conscients ou inconscients (peurs, angoisses, désirs, fantasmes, représentations, doutes, incompréhensions, limitations, vécus de l’enfance, traumatismes, choses du corps, souffrances, potentiels non explorés), afin de leur faire face pour mieux les accepter, les transformer, ou s’en libérer.
Entre les traces enfouies qui n’ont pas trouvé d’espace pour s’inscrire, les traces idéales qui sont autant de fuites en avant, les traces des autres qui contraignent ou fascinent, le rejet ou la honte de ses propres traces, comment se rapprocher de la trace authentique, celle qui serait simplement la sienne, sans autre prétention que celle de se livrer à l’autre avec simplicité ?